Diagnostic Air Intérieur

Diagnostic Air Intérieur

Pollution, bactéries, virus, allergènes : ces agents biologiques sont présents à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments. Avec plus de 80 % du temps passé dans un environnement clos, la qualité de l’air intérieur est primordiale. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, notre air intérieur est bien plus pollué que l’air extérieur et bon nombre de polluants pourraient être supprimés. La qualité de l’air intérieur est, à ce jour, un des véritables enjeux de santé publique du 21ème siècle.

Enjeu de santé publique

L’air que nous respirons dans les espaces clos que nous fréquentons tous les jours (logements, bureaux, écoles, commerces, administrations, transports en commun, lieux de loisir) peut être toxique. Les effets négatifs sur l’homme peuvent aller de la simple gêne – toux, irritations des muqueuses, mauvaises odeurs – à de véritables pathologies comme l’asthme, les allergies, les cancers en passant par divers problèmes de santé (migraines, rhinites, conjonctivites, nausées, vertiges…).

L’asthme est d’ailleurs en passe de devenir la maladie chronique du 21ème siècle avec en France 3,5 millions de malades, dont 1/3 a moins de 15 ans (235 millions de malade sont recensés dans le monde). 80 % des enfants et 50 % des adultes ont de l’asthme dont l’origine est allergique ; cependant, malgré 2000 décès par an, les liens de causalité avec la pollution ne sont pas toujours faciles à établir.

Asthme Pollution Air Intérieur

Les polluants que l’on retrouve dans l’air intérieur ont de multiples formes et provenances. On distingue des polluants automobiles tels que l’ozone, le dioxyde d’azote ou le monoxyde de carbone. La présence de Composés Organiques Volatils (COV) est également avérée.

Ces COV (formaldéhyde, benzène, trichloréthylène, naphtalène, toluène, perchloréthylène notamment utilisé dans les pressings) se trouvent dans le tabac, les bougies, l’encens, les meubles, les produits d’entretien, les vernis, le bois aggloméré, les contreplaqués, la laine de verre, les tapis, les mousses synthétiques, les peintures, les solvants, les résines, les adhésifs, les colles, les plastiques, les polymères, les laques, les cires, les encres pour imprimantes, le carrelage et bien d’autres …

Composés Organiques VolatilsLes imprimantes et télécopieurs émettent de l’ozone, gaz nocif pour les muqueuses oculaires et respiratoires, qui en se couplant avec d’autres COV présents dans l’air intérieur, peut créer des polluants secondaires dont certains potentiellement dangereux.

La plupart des COV sont cancérogènes comme l’amiante ou le formaldéhyde ; dans l’air intérieur très dégradé, on retrouve même un gaz radioactif d’origine naturelle, le radon présent dans le bâtiment par effet de confinement.

La contamination de l’air intérieur est plus importante du fait d’une combinaison d’éléments. La concentration de matériaux et composants polluants dans un espace clos, le transfert de polluants venus de l’extérieur, la vie quotidienne des habitants (cuisine, ménage, appareils de chauffage…), l’insuffisance d’entretien et d’aération (chaleur excessive, humidité, canalisations d’eau défectueuses, etc.) sont autant de facteurs aggravants.

L’ensemble de la population est concernée par cette question de la qualité de l’air intérieur car elle peut entraîner de nombreuses pathologies, voire des cancers ou des leucémies, aggraver certaines maladies chroniques surtout chez les personnes à risque comme les enfants, les personnes âgées, et les asthmatiques.

C’est pour améliorer les connaissances sur les polluants présents dans l’air intérieur que les pouvoirs publics ont mis un plan d’action avec de nombreux moyens, mais également pour réduire les dépenses de santé considérables entraînées par la mauvaise qualité de l’air intérieur. En effet, en France, le gouvernement estime entre 10 et 40 milliards d’euros de dépense par an, dont un milliard uniquement pour le remboursement des médicaments antiasthmatiques.

Moyens mis en place

Le Plan National Santé Environnement (PNSE) est lancé dans sa troisième version avec pour objectifs de diminuer les coûts en matière de santé mais également d’améliorer véritablement la qualité de notre air intérieur. Pour cela, le PNSE3 met en vigueur plusieurs règles :

  • depuis le 1er janvier 2013, obligation d’afficher sur les matériaux de construction et de décoration des informations sur les émissions de polluants volatils ;
  • proposition d’obligation d’étiquetage des désodorisants et produits d’entretien ;
  • possible interdiction des encens dépassant 2 µg/m3 de benzène ;
  • proposition d’acter pour 2020 l’obligation d’étiquetage du mobilier (au préalable, définition des substances à analyses et des seuils correspondants aux différentes classes) ;
  • étiquetage de 80 % du mobilier pour enfant avec possible critère d’exclusion sur la présences de certains composés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour le mobilier des écoles et crèches ;
  • analyse de présence de nanomatériaux dans les produits de construction et de décoration

PNSE

De plus, outre le diagnostic accessibilité handicapés, les établissements recevant du public (ERP) doivent surveiller la qualité de l’air intérieur et cela depuis le Grenelle II (2010). Des mesures ont déjà été mises en place depuis le PNSE2 comme l’interdiction des substances classées cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques par l’Union Européenne (CMR de catégorie 1 et 2) dans les matériaux de construction et de décoration. Quatre substances (benzène, trichloréthylène et 2 phtalates) sont aussi interdites.

Concernant les ERP, le PNSE3 souhaite lancer une campagne pilote dans au moins deux établissements – un hôpital et une maison de retraite – afin d’anticiper le plan prévu pour 2023 de la qualité de l’air intérieur dans les hôpitaux et les établissements de santé. Le PNSE3 désire également concentrer sa surveillance dans les stations de métro, les logements proches des pressings ou de petites industries (imprimeries, ongleries, ateliers de réparation mécanique…).

Le gouvernement a mis en place entre 2010 et 2013 des postes de Conseillers en Environnement Intérieur (CEI) qui interviennent à domicile – sur demande médicale – afin d’améliorer l’environnement intérieur de patients asthmatiques.

Rénovation Thermique

Selon les ministères de l’écologie et de la santé, la rénovation thermique des bâtiments dans le cadre de la transition écologique sera soumise à une grande vigilance sur la qualité de l’air intérieur : renforcement des certifications existantes, formation et mobilisation de l’ensemble des professionnels du bâtiment.

Les professionnels de l’immobilier accordent de plus en plus d’attention à la qualité de l’air intérieur et à l’écologie, certaines sociétés proposent un diagnostic qualité de l’air intérieur. Les sociétés d’expertise analysent toute une série de composants comme les polluants automobiles, les gaz de combustion et les COV. L’analyse se fait par le biais d’un analyseur d’ozone et de dioxyde d’azote, d’un analyseur de monoxyde de carbone et d’une pompe à air avec des réactifs chimiques.

Des analyses spécifiques plus précises concernant un ou plusieurs autres polluants peuvent être réalisées, mais il faut en général faire face à un délai d’attente et un surcoût. Le tarif d’un diagnostic Air Intérieur varie entre 220 et 350 € en moyenne. En cas de dépassement des normes de précaution, des solutions simples, abordables et non obligatoires sont proposées par le professionnel. La labellisation et la certification en termes de performances énergétiques des logements renforceront le volet qualité de l’air intérieur (diagnostic minimal pour la ventilation).

A disposition des habitants, le PNSE3 souhaite mettre en place un outil d’auto-diagnostic sur Internet qui permet d’évaluer son logement et de réaliser un premier bilan, tout en présentant des solutions techniques ou comportementales. Dans certains magasins de bricolage, sont vendus des kits pour tester la qualité de l’air intérieur avec selon les résultats des solutions proposées en ligne. La campagne prévoit de renforcer les habitudes comportementales des occupants qui est un levier essentiel dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur (aérer son logement, réparer les fuites d’eau, stopper les moisissures, etc.).