Désamiantage d'un plafond de cave

Amiante : 15 millions de foyers exposés dont 3 millions de logements sociaux

Bien qu’interdit depuis de nombreuses années, l’amiante reste un sujet de préoccupation important pour les habitants comme pour les professionnels de l’immobilier.

L’amiante, sujet de santé publique

Largement utilisé au début du 20ème siècle, l’amiante est un matériau extrêmement résistant et parfaitement isolant, il est aussi très toxique et provoque de nombreuses maladies pulmonaires (fibroses, cancers, etc.).

Depuis 1997, l’amiante est interdit dans toute construction.

Cependant, l’amiante est encore présent dans de nombreux logements anciens, notamment les constructions datant des années 1960 à 1990. Le diagnostic amiante permet d’informer les futurs acheteurs ou loueurs sur l’état du bien immobilier, vérifier la présence d’amiante et son état mais sans obligation de réaliser des travaux, sauf en cas d’exposition directe aux poussières d’amiante.

C’est en avril, dans un communiqué adressé aux ministres du Logement et de la Ville que l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) a mis en lumière que plus de 15 millions de logements sont encore concernés par la présence d’amiante, dont 3 millions de logements HLM. L’USH souhaite une réaction rapide de la part du gouvernement.

Le gouvernement avait déjà été alerté par Jean-Louis Dumont, président de l’USH, en novembre dernier, avec la demande d’un portage interministériel sur l’amiante ainsi que la création d’un fonds spécifique destiné au désamiantage.

De plus, les chiffres avancés par l’USH ne sont qu’une estimation établie sur un échantillon représentant 21 % du patrimoine HLM français. Les rénovations entreprises ces dernières années mettent au jour la présence d’amiante dans plusieurs bâtiments commerciaux comme d’habitation. Sans oublier les lieux publics comme les écoles ou les universités qui n’ont pas encore été contrôlés.

Le coût énorme du désamiantage

Les réglementations concernant l’amiante se sont renforcées en 2011 et 2012, rendant la recherche et les contrôles plus poussés. Toute la chaîne professionnelle est impactée car les coûts explosent, les compétences manquent et les chantiers sont retardés.

Il est ainsi très difficile d’établir le budget des travaux car, comme le précise Christophe Boucaux, chargé des questions énergétiques et du développement durable au sein de l’USH, «80% des logements potentiellement concernés, cela ne signifie pas que 80% des locataires respirent de l’amiante ».

Néanmoins, il faut agir et procéder au retrait de l’amiante. Mais la question se pose de savoir qui va régler la facture ? Sur le principe du pollueur-payeur, Sylvie Catala de l’association Ban Abestos, propose que ce soit à l’industrie, qui a utilisé massivement l’amiante, de prendre en charge les frais, et non les bailleurs sociaux et les copropriétaires.

Les chiffres sont impressionnants et frôlent la dizaine de milliard d’euros ; rien que pour le parc HLM, le coût estimé est de 2,4 milliards d’euros par an. Au vu du montant faramineux estimé pour un désamiantage, environ 50 000 euros par appartement, de nombreux propriétaires n’effectuent pas les travaux et laissent les biens se dégrader. C’est à ce moment-là que l’amiante peut refaire surface : les sols s’abîment, l’étanchéité n’est plus performante avec pour conséquence un effritement des murs, ce qui entraîne la libération des fibres d’amiante.

Présence d'amiante dans les logements

Les travaux doivent se faire en plusieurs temps, d’abord les recherches d’amiantes dont les tarifs augmentent, puis le désamiantage en lui-même et le traitement des déchets. Les tarifs flambent que ce soit pour la réhabilitation de logements ou pour une démolition totale, sans oublier le coût du relogement des habitants d’un immeuble le temps des travaux.

L’USH, collectif de 5 fédérations regroupant 760 organismes HLM, tire la sonnette d’alarme et révèle qu’un projet de réhabilitation sur quatre est abandonné suite à la découverte d’amiante. C’est pourquoi l’USH souhaite que le gouvernement s’implique encore plus dans ce dossier, à l’aide de trois mesures : la création d’une structure ministérielle, qui ferait le lien avec tous les secteurs concernés (santé, travail, logement, ville, recherche, industrie), la création d’un fonds entièrement dédié au désamiantage et le projet d’une filière industrielle dédiée, qui serait capable de mener à bien ce gigantesque chantier.